GESTIONNAIRES EN ACTION. Les marchés financiers anticipaient que la Réserve fédérale américaine allait réduire son taux de 25 à 50 points de base le 18 septembre. Pourquoi a-t-elle choisi la seconde option? Sébastien Mc Mahon, stratège et gestionnaire de portefeuille à IA, gestion mondiale d'actifs, explique.
«S’il avait eu toute l’information qu’on a aujourd’hui à la fin du mois de juillet, le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a dit qu’il aurait probablement alors choisi une diminution d’un quart de point plutôt que de garder le taux directeur stable entre 5,25% et 5,5%», dit-il.
En ce sens, à son avis, la baisse d’un demi-point annoncée le 18 septembre, qui porte le taux directeur de la banque centrale américaine entre 4,75% et 5%, constitue un rattrapage.
Mais la grande question, à son avis, est quelle sera la suite. «Si on monte à 10 000 pieds d'altitude, ce qu'on voit, c'est que l'économie américaine va quand même relativement bien. Le marché du travail se normalise, mais quand on regarde les chiffres d'inflation, on se dit qu'on n'a plus besoin d'avoir une politique monétaire aussi restrictive», raconte-t-il.
Sébastien Mc Mahon précise que la Fed envoie le message qu’elle va descendre plus rapidement vers un «taux neutre» d’un peu moins de 3%. «Les taux vont continuer de baisser à un rythme qui est soutenu», dit-il.
Si les marchés boursiers américains ont, à court terme, bien réagi à l’annonce de la Fed, l’histoire montre qu’un cycle de détente monétaire qui s’amorce par une baisse de 50 points de base du taux directeur n’est pas un bon présage pour l’économie américaine.
Les deux dernières fois que cela s’est produit, en 2001 et en 2007, les marchés boursiers avaient mis plusieurs années à s’en remettre. La situation actuelle est toutefois très différente, estime le stratège.
«C'est différent parce que dans ces périodes-là, on faisait face à des crises importantes. En 2001, il y a eu l’éclatement de la bulle techno», rappelle-t-il, sans oublier les attentats du 11 septembre qui sont survenus quelques mois plus tard.
«En 2007, bien sûr, c'était tout juste avant la grande crise financière de 2008-2009. Aujourd'hui, quand on regarde d’un point de vue économique, il n'y a pas de panique en la demeure», estime-t-il.
La Banque du Canada pourrait-elle suivre la cadence?
Le signal fort envoyé par la Fed pourrait-il inciter la Banque du Canada à accélérer la cadence des baisses de taux? «Je dirais que la porte est ouverte pour que la Banque du Canada fasse la même chose, peut-être une fois, juste pour dire, regarde, on s'en va vers le taux neutre», dit-il.